N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie?

(las, ma culture classique vient d'atteindre sa limite, et vous n'aurez pas la suite)
Bon, Ce titre n'est pê pas si inconséquent, puisque je reviens du Géant Casino.
Vous ne voyez pas? Un supermarché, samedi après-midi, banlieue d'une bourgade rurale et coquettement touristique, pour une misanthrope allérgique aux enfants? Ca y est, je vois que votre oeil s'éclaire d'un "ça lui fera les pieds, elle avait qu'à y aller à un autre moment". Oui. Vous êtes très sages, et avez parfaitement raison. N'empêche.
Pour une fois que je choisis une caisse qui circule à peu près, grâce à la célérité d'un improbable caissier au regard lagon - et si on inversait le cliché, et que l'attitude du gros macho qui claironne, sourire en coin, à la caissière-cendrillon, "sont à vous ces beaux yeux-là? ". Hum? Vous me voyez, la main sur la hanche, le verbe haut, interpeller ainsi le véloce saisonnier? Mais, revenons à nos mioches:
Donc, j'attends sagement, déjà feuilletant le bouquin que je n'ai pu m'empêcher d'acheter -j'en ai une demi douzaine qui m'attendent à la maison, et je me retiens de les grignoter tous à la fois- quand je me fais talonner les fesses par un caddie agité d'un mouvement suspect.
Ben, oui, il est animé par la fougue d'un gniard -3 ans? 4?- qui assis au milieu des courses, secoue son embarcation, et ressasse à son père "c'est koi ton pb" sensiblement ravi de moduler 25000 fois sa trouvaille. Les deux aînés m'encadrent pour s'arrimer chacun à une tête de gondole d'où les tentent les saloperies sucrées. Il vont passer les 5 min suivantes à louvoyer pour glisser des bonbons dans les courses de leurs parents, champions de beaufitude. Vous venez de faire la connaissance de Romain, ("Rom's") Jérémie ("Djérem's") et du "nain" (sans doute que l'imagination de leur parents s'est trouvée tarie face à son arrivée -inopinée?). Simultanément à ma droite, une mère chargée de son fardeau geignant, déborde pesament de sa file -oui, le passage derrière est quelque peu englué. Le père bade au plafond tandis que cette esclave du quotidien négocie avec la fatigue du fruit de ses entrailles, l'avancée du chariot et l'occupation stratégique ("là, les produits frais ensemble") du tapis roulant. Mon espace vital s'est considérablement ratatiné, malgrè l'hostilité méprisante que j'affiche, et ça fait trois fois que je relis la première phrase de "Samarcande" de Amin Maalouf.
Non, toujours pas envie d'enfant. Pffiou!